Discoursetrevolte. surletravaildel’interprete.
SURLETRAVAILDEL’INTERPRETE.
Jérôme LAFARGUE
Docteur d’Université en Science Politique
Université de Pau et des Pays de l’Adour
Une démarche réflexive sur le travail du chercheur qui s’essaie à l’interprétation des discours émis au cours d’une révolte s’impose ici peut-être davantage qu’ailleurs. Il est toujours nécessaire de mesurer les écueils possibles de l’appréhension du discours comme événement et comme dispositif qui valide sa propre énonciation( Sur ce point, voir Maingueneau (D.), “ Argumentation et analyse du discours. (Réflexions à partir de la seconde Provinciale) ”, L’Année sociologique, 44, 1994.), et d’éviter les erreurs liées à l’intellectualisme, lorsque le rapport de l’analyste à son objet de recherche est pris pour le rapport de l’agent à son action( Pour les derniers développements de cette sociologie réflexive, et les corrections apportées, voir Bourdieu (P.), Méditations pascaliennes, Paris, Seuil, 1997.). Dans le cas de la révolte, l’évaluation des faits et des énoncés se fait encore plus subjective et l’accès à la compréhension d’autrui apparaît bien plus malaisée que dans d’autres circonstances de recherche, et ce pour des raisons identiques : la révolte est une situation où la plupart des actions marquantes se jouent dans une atmosphère de forte tension et de faible négociation, propice à des débordements ou à des malentendus traumatiques importants.
La protestation collective( Par cette notion, on entend l’expression de revendications épisodiques ou durables résultant de l’exaspération d’antagonismes entre le pouvoir et la société, exprimées par plusieurs personnes, organisées ou non.) reste un processus parfois diffus, toujours complexe, dans lequel s’imbriquent de multiples enjeux. A chaque niveau de mobilisation (décision de protester, recherche des ressources, engagement dans l’action, pérennisation du mouvement, dialogue avec le pouvoir,...) va correspondre un discours particulier. La compréhension des