COMPOSITION FRANÇAISE ÉPREUVE COMMUNE : ÉCRIT Hélène Laplace-Claverie, Sophie Lucet, Bruno Méniel, Corinne Saminadayar-Perrin, Jean Vignes Coefficient : 3 ; Durée : 6 heures « Que l’écrivain se garde bien de réfléchir trop sur le langage, qu’il évite à tout prix d’en faire la matière de ses hantises, qu’il n’oublie pas que les œuvres importantes ont été faites en dépit du langage. Un Dante était obsédé par ce qu’il avait à dire, non par le dire. Depuis longtemps, depuis toujours, serait-on tenté de soutenir, la littérature française semble avoir succombé à l’envoûtement, et au despotisme, du Mot. De là sa ténuité, sa fragilité, son extrême délicatesse, et aussi son maniérisme. Mallarmé et Valéry couronnent une tradition et préfigurent un épuisement... » (Cioran, Exercices d’admiration, 1986). Vous commenterez et discuterez ces propos en vous appuyant sur des exemples précis. Invité à fournir un sujet assez discriminant, le jury avait choisi cette année de proposer à la réflexion des candidats quelques phrases de Cioran qui soulevaient nombre de difficultés : la complexité du propos, sa longueur relative, son caractère référentiel (trois poètes sont nommés) et en même temps très allusif, l’emploi d’expressions énigmatiques ou ambiguës (« réfléchir trop sur le langage, écrire en dépit du langage, despotisme du Mot, délicatesse ») avaient de quoi dérouter un étudiant mal préparé. Le sujet réclamait un minimum de connaissances en histoire littéraire. Il était bon que l’énoncé n’emporte pas totalement l’adhésion, pour que les candidats soient incités à en discuter la teneur et à présenter une position personnelle. On peut juger que le sujet a tenu ses promesses dans la mesure où il a permis de mettre en valeur un petit nombre de copies rendant clairement compte du propos de Cioran, de son intérêt, de ses limites, et des réserves qu’il appelait. Mais dire cela, c’est reconnaître du même coup que le sujet a mis en difficulté la majorité des candidats, qui, faute de lire