Dissert la culture fait-elle de l'homme un être à part dans la nature?
Le premier livre de la Genèse raconte comment Dieu a crée le monde, puis les animaux, avant de dire, à la fin du sixième et dernier jour : « Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance ! Qu’ils aient autorité sur les poissons de la mer et sur les oiseaux des cieux, sur les bestiaux, sur toutes les bêtes sauvages et (…) sur tout vivant qui remue sur terre ! » (I, 26-28). Ainsi, l’homme est montré comme le couronnement de l’entreprise de création de la nature, du monde. Créature qui ressemble à son créateur et à qui ce dernier semble faire « délégation » de son autorité naturelle sur tout ce qui est, l’homme est un être ambiguë qui introduit dans la création elle-même un principe de recréation. En effet, par la culture, l’homme est celui qui ajoute à la nature. On peut penser qu’il s’agit dans la Bible d’un anthropocentrisme superstitieux, contradictoire au demeurant avec le sens du divin. Mais, l’hommage de Descartes à la science qui nous permet de nous « rendre comme maître et possesseur de la nature » (Discours de la méthode, sixième partie) ne reconduit-il pas cet anthropocentrisme en fondant, sur l’idée que l’homme seul est capable de science ou encore de culture, le droit de se soumettre la nature tout entière, non plus de se croire mais de se rendre effectivement le centre de tout l’univers. La culture, à savoir ce que l’homme ajoute à la nature, a-t-elle pour effet essentiel de différencier l’être humain des autres êtres vivants ou encore de le séparer de l’ordre naturel ; ou au contraire cette culture en tant que disposition naturelle est-elle ce qui inscrit l’homme dans l’ordre naturel ? En d’autres termes, ce qui fait le propre de l’homme, à savoir la culture, peut-il s’inscrire ou on légitimement dans la nature ? Le problème soulevé est celui de la spécificité ontologique de l’homme . Tout