Pour expérimenter l’une et l’autre des conditions, être à la fois peuple et prince et comprendre la logique du pourvoir, dans la société et dans l’entreprise, le metteur en scène crée un jeu de rôle, avec travaux pratiques à l’appui, fidèle en ceci à Machiavel qui, contre l’idéalisme, exhorte à l’action. Discours, combats et jeux de ruse, coups bas, astuces... rien ne sera épargné aux candidats pour gagner et conserver la couronne. Comme au poker et comme en politique, il faudra prévoir les revers de Fortune. Le tout sous les yeux d’un public averti, un « peuple » de circonstance, très bienveillant. Sur ces trois candidats au trône (et à un demi-cabriolet en guise de carrosse) veillent une formatrice et un maître du jeu, qui veille au respect des consignes et distille ses conseils : c'est Nicolas lui-même, qu’interprète avec beaucoup d’humour et d'à-propos Luc-Antoine Diquéro, en costume-cravate recouvert d’un pourpoint de velours.
« Il y a une manière de désavouer Machiavel qui est machiavélique, c’est la pieuse ruse de ceux qui dirigent leurs yeux et les nôtres vers le ciel des principes pour les détourner de ce qu’ils font, écrit Maurice Merleau-Ponty dans ses « Notes sur Machiavel » (Signes, Gallimard). Et il y a une manière de louer Machiavel qui est tout le contraire du machiavélisme puisqu’elle honore dans son œuvre une contribution à la clarté politique. »
Laurent Gutmann en atteste avec ce spectacle inspiré, drôle et trépident, rappelant la contribution de Machiavel à la clarté politique en portant sur scène, selon les préceptes du « très pénétrant Florentin », « des choses utiles à qui les écoutent ».