Dissert
Le schéma actantiel
Extrait de «Techniques du scénario» de Pierre Jenn, page 21 à 29. (Institut de Formation et d’Enseignement pour les Métiers de l’Image et du Son.
ACTION ET IDENTIFICATION
L’ambition de tout dramaturge est de captiver l’attention de son public. Pour cela, il faut que le spectateur s’identifie à l’action. Il est prouvé depuis longtemps que ce n’est pas uniquement par rapport à tel ou tel personnage que joue ce mécanisme, mais en regard de la totalité du fonctionnement du récit. Nous avons affaire ici à un phénomène complexe ; nous aurons donc recours à plusieurs types d’analyse pour le cerner. Le premier élément à prendre en compte est que l’action dramatique est communiquée par l’intermédiaire d’un récit, lequel repose, par essence, sur une structure archétypique avant même d’être porteur d’un contenu, il possède déjà une structuration sémantique inhérente à sa nature. C’est Greimas, dans Sémantique structurale, qui a mis à jour ce modèle d’organisation en superposant et en unifiant celui que Propp avait tiré de l’étude des contes merveilleux et celui que Souriau appliquait au théâtre. Dans le conte, les personnages se réduisent à leur fonction dramatique, alors qu’au théâtre et au cinéma ils ont une existence propre, ils sont distincts de l’action dont ils sont néanmoins, en partie, les causes, et surtout ils sont complexes, c’est-à-dire susceptibles d’évoluer. Le modèle de Greimas ne décrit pas des personnages mais des fonctions du récit qu’il dénomme «actants» et qui sont des sphères d’action, d’où l’idée qu’un seul actant peut être occupé par plusieurs tenants de l’action et qu’un seul personnage peut lui-même englober plusieurs actants. Cette remarque devrait ainsi nous ôter d’emblée toute tentation erronée d’identifier un actant à un personnage. Le «modèle actantiel» fait ainsi entrer en relation six sphères d’action (ou