Dissert
On distinguera d’emblée la définition traditionnelle de la dignité et la définition moderne, qui trouve ses sources dans le stoïcisme et le christianisme.
1) Sens ancien, sens actuel
Le mot «dignité» a conservé, dans certains usages, son sens ancien, dont témoigne toujours le premier sens du terme dans le dictionnaire : «fonction, titre ou charge qui donne à quelqu’un un rang éminent» (par exemple le rang de ministre ou de «première dame de France» ; on parle de «dignitaire de l’Eglise», ou de «haut dignitaire de l’ Etat»). Dans ce sens ancien, la dignité est fonction d’une hiérarchie sociale qui attribue des «rangs» ; ceux qui sont en haut de l’échelle ont une dignité spéciale, elle-même relative, supposera-t-on aux charges et responsabilités spéciales attachées à ce type de fonction. Au sens moderne et usuel aujourd’hui, la dignité est devenue au contraire le sentiment partagé tous les êtres humains de participer d’une même humanité. La dignité est précisément ce qui doit être tenu pour égal en tous les hommes ; elle est très exactement ce en quoi les hommes sont indiscutablement égaux.
Rappelons brièvement le genèse de cette idée, qui ne trouve sa formulation achevée qu’avec Kant, et sa reconnaissance politique avec les Déclarations universelles des droits de l’homme.
La notion de dignité humaine fait référence à une qualité inséparablement liée à l'être même de l'homme; ce qui explique qu'elle soit la même pour tous et qu'elle n'admette pas de degrés. Cette notion renvoie à l'idée que «quelque chose est dû à l'être humain du seul fait qu'il est humain» (Paul Ricœur). Cela signifie que tout homme mérite un respect inconditionnel, quel que soit l'âge, le sexe, la santé physique ou mentale, la religion, la condition sociale ou l'origine ethnique de l'individu en question.
(Le concept de «dignité humaine» occupe désormais une place éminente dans le droit international des droits de l'homme et