La fontaine nous fait, dans « le pouvoir des fables », l’éloge de l’apologue et donc de l’argumentation indirecte. En effet, il nous narre l’histoire d’un orateur athénien qui, malgré toutes ses tentatives pour interpeller son auditoire, n’est point écouté. Il décide alors de prendre « un autre tour », et se lance dans un récit allégorique. Et cela est couronné de succès, son auditoire est captivé. À travers cette fable dans la fable, La fontaine défend les avantages d’une argumentation qui prend le détour de la fiction. Ainsi, quels sont les avantages d’une argumentation directe? quels sont ceux, supérieurs, d’une argumentation indirecte ? Quelles sont les conditions qui favorisent la réussite d’un apologue ?

Premièrement, l’argumentation directe possède des avantages indéniables.
L’argumentation directe a le mérite de transmettre clairement une idée. En effet, l’auteur cherche a remporter l‘approbation du recepteur en lui exposant une idée explicite et assumée. Les genres privilégiés de cette argumentation, tels que l’essai, l’article ou encore la préface, sont donc fortement imprégnés par la présence de leur auteur à travers les modalisateurs et la thèse y est souvent distinctement énoncée. C’est le cas dans l’Essai de Montaigne « Des cannibales » ( livre 1 chapitre 31 ). En effet, la thèse selon laquelle notre jugement est fortement influencé par le pays dans lequel nous vivons est défendue par l’auteur. Celui l’explicite d’ailleurs aux lignes 4 et 5 avec la phrase « il semble que nous n’avons autre mire de la vérité et de la raison que que l’exemple et l’idée des opinions et usances du pays où nous sommes ». Cette thèse est également assumée tout au long de la démonstration grâce à l’utilisation de modalisateurs tels que les pronoms personnels « je » et « nous » présents lignes 1, 4, 8, 10, 11, 13, 18, 20. L’auteur utilise également des verbes d’opinion comme « je trouve » l.1, et son jugement est sensible grâce aux expressions « notre gout corrompu