Dissertation sur la création littéraire
Sujet :
Il m’est arrivé d’écrire autrefois qu’un grand roman n’était pas la vie, mais lui ressemblait seulement, dans la mesure à la fois très importante et très incomplète où une cloche ressemble à un chaudron. C'est-à-dire les mêmes formes extérieures, la même apparence, mais l’une utilisée uniquement pour répondre aux exigences pratiques de la vie, l’autre seulement pour en dégager la musique. (Julien Gracq, Entretiens, p.146)
La matière première du roman est la vie. Sans la vie, le roman ne pourrait exister. Il prend sa source dans le langage mais aussi dans l’expérience de la vie humaine et en retrace les étapes comme dans Madame Bovary de Gustave Flaubert qui raconte la vie d’une femme passionnée, Emma, de sa désolante enfance à la campagne, en passant par son mariage avec le médecin, Charles Bovary, ses aventures extras-conjugales avec Léon, ses ennuis financiers jusqu’à son suicide. Mais le roman est-il pour autant la vie ou n’est-il pas plutôt un simulacre de vie ? Pour Julien Gracq, écrivain du XXème siècle, connu à la fois pour ses romans mais aussi pour ses œuvres critiques comme la littérature à l’estomac, il affirme dans Entretiens « Il m’est arrivé d’écrire autrefois qu’un grand eroman n’était pas la vie, mais lui ressemblait seulement, dans la mesure à la fois très importante et très incomplète où une cloche ressemble à un chaudron. C'est-à-dire les mêmes formes extérieures, la même apparence, mais l’une utilisée uniquement pour répondre aux exigences pratiques de la vie, l’autre seulement pour en dégager la musique. » Selon lui, un grand roman se distinguerait donc de la vie malgré sa forte ressemblance. En effet, par le truchement d’une comparaison entre une cloche et un chaudron dans cette citation, Julien Gracq tente d’expliquer que le roman est à l’image de la vie mais qu’il se détache de la vie à la fois par son aspect plus travaillé et par sa fonction, la cloche servant à produire de la musique, le