Dissertation sur la peinture
Une femme se penche sur un soldat endormi au pied d’un arbre. L’épée au côté, il a replié un bras sur son bouclier. Son casque est tout près, dans le coin du tableau. Elle s’est agenouillée, la main posée sur celle du jeune homme. Il n’est pas certain qu’elle le touche vraiment. On la sent attentive à ne pas l’éveiller alors qu’elle observe ses traits à son insu. La façon dont elle le regarde dormir est une preuve de la tendresse qu’elle éprouve pour lui. Pourtant, la jeune femme, de l’autre main, tient aussi un poignard qui contredit vite la première impression. Un petit enfant ailé, qui n’est que Cupidon, personnification de l’Amour, s’agrippe de toutes ses forces au bras de la belle et l’empêche visiblement d’utiliser son arme. A son air préoccupé, on devine qu’il a du mal à parvenir à ses fins.
La fonction symbole est dominante dans cette œuvre. Ce tableau s’inspire du récit de ‘’ La Jérusalem délivrée ‘’, écrit par le Tasse à la fin du seizième siècle. L’épisode se situe pendant les croisades. La magicienne Armide, une Sarrasine, a conçu le projet de tuer Renaud, un chevalier chrétien. Poussée par une fureur vengeresse, elle s’apprête à porter un coup. Elle s’est approchée sans bruit. Là où elle se tient, tout serait facile, terminé en une seconde. Mais c’était conclure trop vite. Voilà que Cupidon s’en mêle, lui qui aime brouiller les cartes et provoquer des confusions dont personne ne sort indemne. Il lui insuffle un amour si grand pour cet homme qu’elle renonce sur-le-champ. Elle venait le mettre à mort, et il lui vient le désir de lui caresser les cheveux. Elle ne sait ce qu’il lui arrive. Derrière Armide, le peintre a disposé un arbre. Le troc constitue une limite visuelle dans l’espace du tableau, limite qu’elle est en train de franchir. C’est un seuil, la marque d’une frontière qu’elle va transgresser. On voit également derrière Renaud, deux arbres cette fois. Dans l’axe du personnage, au-dessus de sa tête, deux troncs