La poésie est un genre littéraire très ancien, qui contient un nombre infini de mouvements qui vont de la poésie épique au surréalisme, en passant par le symbolisme ou la poésie précieuse. Cependant, malgré la différence et le caractère unique de chacun de ces mouvements, on retrouve les mêmes exigences et la même volonté. C’est ce qu’a voulu démontrer le poète surréaliste Paul Valéry dans Commentaires de Charmes – Variété, en proposant une définition de la poésie. Selon lui, elle se caractérise, d’abord, par une « forme unique », s’opposant ainsi à la prose. En effet, la poésie se définit par des règles, des contraintes, qu’imposent les poètes à eux-mêmes. Le style et le contenant priment donc sur le sens : « c’est le son, c’est le rythme, ce sont les rapprochements physiques des mots (…) qui dominent ». Cette définition de Valéry pose tout le problème de la poésie : peut-elle se contenter de jouer uniquement sur la « forme unique » ou ne doit-elle pas aussi viser à produire du sens pour que le lecteur s’y intéresse ? Pour répondre à cette question, nous nous demanderons, d’abord, si la poésie peut se réduire à un exercice de style. Dans un deuxième temps, nous verrons qu’en réalité le style est au service du sens. Et enfin, nous analyserons la volonté de la poésie de réconcilier le mot et l’Idée.
La poésie n’est-ce pas d’abord un jeu verbal, des sonorités et des musiques ? Ce qui primerait en poésie serait la « forme unique » de Valéry et non le sens, réservé à la prose.
Depuis l’Antiquité, la poésie est une forme particulière et contraignante, qui s’oppose à la prose par la soumission à des règles plus élaborées, moins libres. La poésie est avant tout une forme fixée par des règles ou par le poète lui-même : du sonnet au pantoum, le poème doit obéir à des contraintes, qui définissent la forme de la poésie. Par exemple, dans Harmonie du soir ou dans Les Djinns (Les Orientales), les poètes apportent aux règles pré-existantes de la poésie des exigences nouvelles,