Dissertation sur le langage poétique
Il est dans la vocation de la poésie de travailler sans cesse à se définir, se redéfinir. Ainsi que l’écrit Michel Deguy : « l’inquiétude de la poésie sur son essence habite la poésie dès son commencement grec ». Il semble d’après les textes étudiées en cours que la poésie joue constamment avec les mots et le langage, en explorant toutes les possibilités qu’ils peuvent offrir, en allant même parfois jusqu’à en inventer de nouveaux.
La poésie, cependant, passe-t-elle essentiellement par ces jeux avec les mots et le langage ? Autrement dit, le langage poétique peut-il se définir uniquement par le caractère ludique qu’il entretient avec les outils de notre langue ?
Certes, la poésie est jeu, elle est création ou recréation d’un langage. Néanmoins, si elle « passe essentiellement » par ces artifices, elle ne peut être uniquement une utilisation ludique des mots : au-delà du jeu, il y a une véritable réflexion sur cette matière première : le langage est à la fois ce qui s’impose au poète pour retranscrire une émotion, et l’objet même de tout travail poétique. Mais la véritable question reste de savoir ce qui ressort de ces liens entre poésie et langage. Si la poésie « passe » par les jeux avec les mots, c’est pour parvenir à quelque chose qui se situe bien au-delà.
I. La poésie, un jeu sur les mots et le langage
A. Partir des règles et des contraintes pour les pervertir ou les réinventer
Règles et contraintes ont toujours été au cœur de la poésie. De la contrainte naît la beauté (« Parce que la forme est contraignante, l’idée jaillit plus intense », Baudelaire) ; mais la poésie naît aussi du détournement de la forme (« Rien d’audacieux n’existe sans la désobéissance à des règles », Cocteau).
B. Explorer le langage pour en utiliser toutes les possibilités
La poésie explore toutes les possibilités de la langue, tant à travers la création d’images