Dissertation : traverser le pire
C’est dans un interview d’Antoine Duplan et de Pierre-André Stauffer auprès de Philippe Jaccottet que ce dernier emploie l’expression de « traverser le pire ». Il l’utilise pour exprimer le pouvoir qu’a la poésie dans les situations les plus redoutables telles que la misère, les goulags ou encore la guerre. Mais il est légitime de se demander en quoi la poésie peut offrir aux hommes cette capacité de « traverser le pire ». Dans un premier temps, elle a cette aptitude d’exprimer la fatalité de celui qui la compose envers ceux qui la lisent, lesquels pouvant s’y identifier; tandis que dans un deuxième temps, elle dispose également du pouvoir de s’évader du « pire » en se recréant une autre situation en quelconque autre lieu. Enfin, dans un troisième et dernier temps, elle permet de résoudre, et donc de trouver une solution à ce « pire »par les différentes formes d’engagement des poètes.
Tout d’abord, la poésie est le genre littéraire adéquat pour exprimer ses sentiments. Dans le cas où il « traverse le pire », le poète cherche à exprimer sa fatalité ou son malheur. Cette plainte a pour effet de purifier l’âme et de purger les passions du poète : la poésie possède donc une fonction cathartique pour l’écrivain. C’est ainsi que dans Spleen, Baudelaire évoque l’ennui qui le ronge par une image se rattachant au temps météorologique terne et triste puisque le ciel est « bas et lourd » et qu’il s’agit d’un « jour plus triste que les nuits ». Il traduit la mélancolie qui le traverse par la révélation de « …l’Espoir/Vaincu, pleure ». Baudelaire aborde donc son spleen, sentiment qui le rongera tout au long de sa vie, dans l’espoir de l’atténuer et de l’extérioriser afin de se sentir plus libre. L’expression de son mal a une fonction thérapeutique pour le poète. De même dans Il pleure dans mon cœur de Verlaine, ce dernier exprime sa