« On rit mal des autres, quand on ne rit pas d’abord de soi-même » Léautaud

15 petits mots courants pour dire tant de choses… En effet, sous les seules 4 lettres du mot « rire » se cachent déjà bien des aspects différents : l’éclat de rire spontané du petit enfant, le fou rire du préadolescent, le rire bête de l’adolescent et le rire « subtil » de l’adulte. Cette liste est, certes, quelque peu caricaturale, mais elle montre bien les différentes interprétations possibles du propos de Léautaud.
Mis à part le travail musculaire, l’effet sonore et le sentiment de plaisir, il n’existe que très peu de points communs entre ces différents rires. Dans le but d’expliquer le fait qu’on « rit mal des autres, quand on ne rit pas d’abord de soi-même », c’est la forme « subtile » du rire adulte qui a été choisie. Lorsque Léautaud fait référence au « rire de soi », il faut donc entendre par là sens de la dérision et autocritique. Et selon l’auteur, sans ces deux qualités, nous ne pouvons que « mal rire des autres » ; nos moqueries sont déplacées et ce sont, alors, elles qui deviennent ridicules.

Pour rire de soi-même, pour être capable d’autodérision et donc d’autocritique, il faut tout d’abord bien se connaître. Cela est un long apprentissage qui ne se fait pas du jour au lendemain ! A l’adolescence, par exemple, nous sommes incapables de rire de nous-mêmes. Nous devons, au contraire, nous prendre au sérieux pour pouvoir construire notre personnalité. Les adolescents, centrés sur eux-mêmes, sont plutôt « entiers » et même, quelquefois, intolérants : ils ne s’autocritiquent pas, croyant toujours avoir raison ; toute remise en question leur semble inutile. Ne sachant pas rire d’eux-mêmes, ils se plaisent tout de même à se moquer d’autrui. Or, il n’y a rien de plus exaspérant que des plaisantins susceptibles : ils adorent critiquer les autres mais, ne connaissant pas l’autodérision seront vexés à la moindre raillerie.
Par contre, quand notre identité est mieux