18 janvier 1950 Je suis née le 4 mars 1930 à Marseille. Étant petite, je n'ai pas vraiment eu d'enfance... comme la plupart des enfants de mon époque en parti à cause de la guerre. J'allais à l'école mais je me suis arrêtée au certificat et je n'ai pas fait d'études par la suite, pourtant j'aimais lire et écrire. Je devais aider ma famille à travailler dans les champs étant donné que mon père était parti au front, et qu'il fallait gagner assez d'argent pour survivre. Je n'avais que 10 ans à ce moment là. Dans les champs, je coupais l'herbe, je ramassais les cerises et j'aidais les hommes qui n'étaient pas parti à la guerre à conduire la charrue. Il y en avait pour tous les goûts à la campagne,mais le travail était très dur et pénible. Je me souviens qu'à cette époque on m'appelait « la radio du quartier » car j'avais toujours un refrain dans la tête pour essayer de me changer les idées. A mes 18 ans, je ne savais pas encore le métier que je voulais exercer car à cette époque on se moquait de ce que l'on voulait faire. On essayait seulement de gagner suffisamment d'argent pour se nourrir et subsister. Un jour, j'en ai eu marre de travailler dans les champs car cela faisait 8 ans que je travaillais sans être payée. J'ai donc essayé de rechercher un autre emploi afin de gagner mon propre argent. Deux mois à chercher et chercher jusqu'au jour où je me promenais dans une rue de Marseille et que j'ai vu devant un immeuble une annonce disant:« Recherche de personne pour travailler dans l'usine Ormancey ( tissus, lainages, toiles ) ». J'ai tout de suite, ouvert la porte de l'immeuble et là... il y avait peut-être 30 femmes qui attendaient leur tour! Quand se fût mon tour, je vis devant moi un homme, Mr Durand, le patron de l'usine. Il me posa seulement trois questions : quel était mon âge , si j'étais en bonne santé et si j'étais enceinte. Mes réponses lui convenant, je fus engagée dans son usine. Aujourd'hui, cela fait deux ans que je travaille dans l'usine et je