Le panaris de Jean-Michel Ribes.

Dialogue ultime d'un couple au bord de la crise de nerfs, dans une atmosphère cryptique ( peu éclairée ).

Elle : Hugues-Jean ?

Lui : Oui ma chère.

Elle : Quand vous dites que ce pauvre Constant a un panaris mal placé, j'ai du mal à comprendre.

Lui : Mais qu'il y a t il à comprendre Lucianne ? Il a un panaris mal placé un point c'est tout.

Elle : Mais comment peut-on avoir un panaris mal placé Hugues-Jean ?

Lui : Je l'ignore Lucianne ! Probablement comme on peut avoir une oreille mal placée, ou une narine mal placée.

Elle : Non.

Lui : Bon ! comme une voiture mal placée, cela vous va ?

Elle : Hugues-jean, je comprends parfaitement qu'une voiture puisse être mal placée, par exemple devant une porte cochère, mais un panaris, c'est impossible !

Lui : Ah bon ! … c'est nouveau ça.

Elle : Non c'est très vieux ! Cela date de l'apparition du panaris.

Lui : Et vous voulez me faire avaler que le panaris est né bien placé ?

Elle : D'une certaine façon, oui.

Lui : Ah ça c'est la meilleure !

Elle : Hugues-Jean je vous en prie, contrôlez vous !

Lui : Lucianne, vous me jetez tout de bon, entre l'asperge et la poire une histoire de panaris à dormir debout, et vous voudriez que je reste morne ?! C'est mal me connaître.

Elle : Hugues-Jean, le panaris est-il toujours placé oui ou non sur le bout du doigt près de l'ongle ? oui ou non ?

Lui : Cela m'est égal !

Elle : Par moment je me demande si je rêve ! Mon propre époux refuse de sauter l'obstacle de l'évidence. Et où voulez vous qu'il soit le panaris ? Où ? Sur le mollet ? Sur les cheveux ? Sur la langue ?

Lui : Lucianne ! Si vous continuez à m'emmerder avec votre histoire de panaris, je vous préviens, je vous plante là et je vais prendre une cuite avec Virdieux Mondrigourt !

Elle : Ah ! Qui vous racontera pour la millième fois comment il a perdu un testicule en Indochine, ça vous ne vous en lassez pas !

Lui : Non, parce que ce