Les mots ont une place considérable dans le théâtre, c’est grâce à eux que les personnages peuvent exprimer leurs sentiments, qu’ils soient bons ou mauvais. Mais les mots sont-ils vraiment les seuls traducteurs d’un conflit ? C’est la question que nous allons nous poser et à laquelle nous allons tenter de répondre en étudiant différents extraits de pièces de théâtre démontrant tout d’abord des conflits qui sont traduits par des mots, puis, dans d’autres extraits, des passages qui prouveront qu’il y a d’autres façons d’exposer un conflit.

Le conflit serait donc une affaire de mots. Ils peuvent être utilisés en tant qu’insultes, plus ou moins violentes, pour exprimer des sentiments de colère. Ils peuvent aussi aider à distinguer l’importance d’un personnage dans la pièce. Ou encore être employés à bon escient par les personnages, de telle sorte qu’ils perdent leur sens premier.
Dans un conflit, les mots peuvent être employés en tant qu’insultes pour exprimer un sentiment de colère ou de trahison, Le Jeu de L’amour et du Hasard, de Marivaux (1730), en est un exemple. Dans l’Acte 3, scène 6, Lisette et Arlequin, des domestiques, prennent la place de leurs maîtres, sans que chacun ne sache que l’autre en fait de même. Sous ce déguisement, ils s’éprennent l’un de l’autre, mais tous deux pensent alors aimer un être d’une condition supérieure. Dans cette scène, les deux personnages sont amenés à révéler leur véritable condition sociale. Lorsqu’Arlequin soulève son masque, Lisette se sent trahit et le traite de « Faquin », de « magot », ainsi que « d’animal » et quand c’est au tour d’Arlequin de découvrir que Lisette n’est que la coiffeuse de la maîtresse qu’il pensait être en train de courtiser, il fait de même en l’insultant de « Masque » et de «magotte ». Ici les insultes sont symétriques, ce qui donne un côté comique grâce à la réciprocité. Mais si nous prenons l’exemple de La Cantatrice Chauve, (1949) de Eugène Ionesco, lors de la scène 11, M. Smith et Mme