Dissertation
Dans sa Préface aux Caractères, La Bruyère reformulera ce questionnement en disant : « On ne doit parler, on ne doit écrire que pour l’instruction ». La négation « [n’écrire] que pour l’instruction » contenue dans cette citation incite le lecteur à s’interroger sur les autres finalités de l’écriture : peut-on vraiment affirmer que le seul objectif de l’écriture est d’instruire ? Quelle est la part qui revient au fait de
« plaire » au lecteur ?
Nous étudierons en premier lieu pourquoi la littérature obéit souvent à une volonté de transmettre une « instruction » ; ensuite, nous analyserons quels sont les autres buts poursuivis par les écrivains ; enfin, nous verrons que pour mieux instruire, il est souvent nécessaire de prendre des détours pour plaire au lecteur. Un grand nombre d’auteurs ont souhaité critiquer les vices de leurs contemporains ou bien les travers de la société dans laquelle ils vivaient. C’est sans doute le premier sens du terme « instruction » utilisé par La Bruyère : il s’agit, à travers ces critiques, de proposer un cadre moral meilleur. Dans l’Antiquité gréco-latine, on peut citer le poète comique grec Ménandre et le poète satirique latin Juvénal qui n’ont pas cessé, tous les deux, de mettre en avant les vices dans la ville d’Athènes et de Rome. Plus proche de nous,
La Bible vise également l’instruction, le plus souvent de façon très directe : il suffit de penser aux dix commandements, véritable code moral.
En France, c’est l’époque du Classicisme qui révèle bon nombre d’auteurs qui poursuivront ce