Dissertation
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1. E Gaussen, « Qu’est-ce qu’une génération? », Le Monde, 1981. 2. G. Matzneff, Le Taureau de Phalaris, 1994. 3. J.-E Sirinelli, « Génération 68 », L’histoire, 2003. 4. Fonds Larousse, « Hippies à Paris, place de la Contrescarpe », 1967. Document 1 : Frédéric GAUSSEN, « Qu’est-ce qu’une génération? », Le Monde (15 novembre 1981) Frédéric Gaussen a été journaliste au Monde de 1964 à 1994. Qu’est-ce qu’une génération ? Qu’est-ce qui fait que toutes les personnes d’un même âge se sentent quelque chose en commun, quelle que soit leur origine sociale ou régionale? Il y a plusieurs façons d’entendre le mot « génération ». Il peut désigner les gens ayant eu une expérience historique commune particulièrement frappante. Ainsi parle-t-on de la guerre de 1914 ou de la Résistance ou de Mai 1968. On peut aussi identifier la génération à une classe d’âge : tous les gens ayant eu vingt ans dans les années 1950 ou 1970. On peut enfin penser à l’expérience familiale : la génération des enfants, par opposition à celle des parents et des grands-parents. Trois approches qui entraînent en fait des définitions et des contenus bien différents. Pour qu’un événement crée une génération il faut qu’il ait un caractère global (qu’il touche pratiquement tous les individus d’un même âge), qu’il soit assez prolongé pour avoir le temps de marquer et suffisamment éprouvant pour que chacun ait de bonnes raisons de s’en souvenir. C’est pourquoi une guerre fait particulièrement bien l’affaire. Mais ces conditions ne sont pas suffisantes. Il faut aussi que « cet événement fondateur» fasse l’objet ensuite d’une célébration collective, que le souvenir en soit entretenu et magnifié 1 . C’est l’interprétation posthume de l’événement qui fait une génération, plus que l’événement lui-même. Aussi peut-on parler de génération pour les acteurs de la guerre de 1914, mais non pour la guerre de 1939-1945 (sauf pour la tranche très minoritaire de ceux qui ont participé à la