Dissertation
Or l’histoire des idées semble à qui la contemple le cimetière des évidences. C’est pour cela que nier l’évidence semble aller de soi.
Pourtant, il est non moins clair qu’on ne nie qu’une fausse évidence ou qu’une évidence apparente au nom d’une autre évidence.
On peut donc s’interroger sur la possibilité de nier l’évidence. Est-ce qu’on peut nier les opinions qui nous paraissent évidentes ? L’évidence rationnelle peut-elle être remise en cause ? L’évidence peut-elle être volontairement niée ? L’évidence c’est la façon dont l’opinion ou la croyance apparaît. En effet, lorsque nous tenons une représentation pour une évidence, c’est que nous n’avons rien à arguer en sa faveur. Elle semble aller de soi. Or, une opinion ou une croyance, se distingue d’une connaissance en tant qu’on la tient pour vraie sans preuve alors que cette dernière repose sur des preuves. Qui veut s’assurer de la connaissance examine ce qui est en jeu et donc remet en cause ce qui va de soi. C’est ainsi que Socrate, lorsque son ami Chéréphon lui apprend que l’oracle de Delphes l’a désigné comme l’homme le plus sage, il y voit une énigme comme nous l’apprend Platon dans son Apologie de Socrate. Comment lui qui pense ne pas être un sage pourrait être sage ? Comment pourrait-il ne pas l’être puisqu’un dieu ne peut mentir ? Aussi se lance-t-il dans une enquête qui implique de remettre en cause la parole du Dieu.
Pour pouvoir nier l’évidence, il faut non seulement une opposition entre deux évidences, mais plus encore une radicale remise en cause. Car il ne suffit pas simplement d’opposer à une évidence son manque de vérité. Car, l’esprit y est habitué. Platon l’explique dans son l’allégorie de la Caverne où il montre des prisonniers qui voient sur un mur des ombres