Dissertations
Le 20 février 1997, Madeleine Allbright, alors secrétaire d'État du président Bill Clinton, déclarait : «L'un des objectifs majeurs de notre gouvernement est de s'assurer que les intérêts économiques des États-Unis pourront être étendus à l'échelle planétaire.» L'ex-conseillère du président George W. Bush (2001-2009) pour les Affaires étrangères, Condoleezza Rice, affirmait en 2002: «Le reste du monde trouvera avantage à ce que les États-Unis défendent leurs propres intérêts, car les valeurs américaines sont universelles.» Mais les valeurs américaines dites «universelles» passent obligatoirement par l'objectif de la mondialisation anglo-saxonne, c'est-à-dire l'américanisation et l'anglicisation. S'il s'agit de prôner l'universel au moyen d'une seule langue, l'anglais, il y a une sorte de contradiction. La recherche de l'universel devrait passer aussi par le chinois, l'arabe, le français, l'espagnol, le russe, voire le portugais et le swahili.
Évidemment, les partisans du tout-anglais sont généralement des anglophones de naissance ou d'adoption. Aux États-Unis, ses partisans les plus extrémistes prônent une langue et une culture unique parce que les Anglo-Saxons seraient le «peuple choisi par Dieu» pour coloniser l'Amérique du Nord et mener ensuite le monde vers la liberté. C'est la théorie du «choix divin» des WASP (White Anglo-Saxon Protestants), dont le président George W. Bush fut l'un des plus prestigieux porte-parole.
Comme on le sait, la différenciation fonctionnelle entre plusieurs langues n’est pas récente. Souvenons-nous de ces propos de l’empereur Charles Quint (1500-1556) : «Je parle anglais aux commerçants, italien aux femmes, français aux hommes, espagnol à Dieu et allemand à mon cheval.» Et puis cette phrase de l’écrivain espagnol José Cadalso (1741-1782) dans Lettres marocaines : «Les Espagnols écrivent la moitié de ce qu'ils imaginent; les Français plus qu'ils ne pensent à cause de la qualité de leur style; les