disserte
Les mains libres de Man Ray et Paul Eluard, paru en 1937, est l'exemple type de ce que le mouvement surréaliste a offert de meilleur en matière d'entreprise collective.
Ici, la couleur est clairement annoncée : ce sont des « dessins illustrés de poèmes ».
Man Ray, le photographe avait aussi un joli coup de crayon, et ses dessins révèlent un imaginaire certes surréaliste (il y a des résonances avec De Chirico ou Dali), mais aussi une quête jamais assouvie de l'idéal féminin, du désir.
Des dessins qui paraissent simples, enfantins, parfois. Comme sont simples les mots de Paul Eluard qui a donc « illustré » de courts poèmes les croquis de son ami, mots qui expriment clairement cette recherche de la femme, de la fusion dans l’amour, du désir.
Un exemple de cette « union libre » : en vis-à-vis d'une femme nue, offerte, la poitrine bombée, la tête renversée, Eluard a écrit :
LE DON
Elle est noyau figue pensée
Elle est le plein soleil sous mes paupières closes
Et la chaleur brillante dans mes mains tendues
Elle est la fille noire et son sang fait la roue
Dans la nuit d'un feu mûr.
1.Les motivations des artistes
L’amitié entre Eluard et Man Ray permet d’envisager leurs arts respectifs dans un rapport de complicité. Les Mains libres prend vie avec la volonté de traiter les thèmes de la relation amoureuse et de la liberté de désirer.
Dans la Préface, Paul Eluard explique ce qui motive Man Ray : le désir et l’envie d’être aimé.
« Le dessin de Man Ray : toujours le désir, non le besoin… Man Ray dessine pour être aimé. »
Pour Eluard, le dessin apparaît comme source d’inspiration, comme une possibilité de dépassement mais aussi de retour sur soi. C’est à cette époque-là qu’Eluard prend quelques distances avec André Breton. (Il rompra définitivement en 1938). Il ressent le besoin de se recentrer sur une poésie plus singulière, sa relation avec Man Ray lui permet de se sentir libre de le faire.
2.Le thème du désir