Un établissement résistant

Si le lycée César-Baggio mérite une page spécifique par rapport à d'autres établissements, c'est à trois titres :
Le bâtiment actuel a été construit entre 1936 et 1938, à l'emplacement des fortifications du 19e siècle. Une poudrière construite en béton en 1893, n'a pu être détruite lors de la construction. Elle existe toujours dans le sous-sol du lycée. C'est l'un des seuls vestiges des fortifications du 19e siècle à Lille
Le bâtiment de 1938 est un des éléments du plan d'urbanisme dit plan des grands travaux, mis en place par Roger Salengro et dont beaucoup d'éléments disparaissent aujourd'hui. Le bâtiment est inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques : la façade, les toitures, le grand hall et la perspective du jardin des plantes de Lille. C'est le seul lycée de Lille qui soit ainsi inscrit.
Enfin, et je pense qu'il s'agit de l'élément essentiel : l'institut Diderot, actuel lycée César-Baggio, a été le théâtre de nombreux actes de résistance. En partie occupé par l'armée allemande, l'établissement est le lieu d'un des actes de résistance les plus précoces pendant l'occupation allemande en France. Dès la Noël 1940, des élèves préparant l'école des Arts et métiers, ont lacéré le portrait d'Hitler, installé par les Allemands en vue de la fête de Noël. Ces élèves ont peint des croix de Lorraine dans les couloirs. Le mouvement Diderot opérait à l'intérieur de l'institut et imprimait pour la Résistance. Raymond Deken, professeur d'anglais et commandant des FTP de la région de Valenciennes, est fusillé en août 1944. Pendant le même mois d'août le réseau Sussex qui avait installé un poste émetteur au sein de l'institut, est décimé : le lieutenant parachutiste et officier de liaison, Guy Mignonneau est abattu à la porte du lycée. Un monument à Guy Mignonneau, élevé au grade de capitaine, chevalier de la légion d'honneur, a été offert par la ville de Lille à la ville des Sables d'Olonne, dont il était originaire.