Doc.x
André Durand présente
‘’La Loreley’’
(1913)
poème de Guillaume APOLLINAIRE
figurant dans le recueil ‘’Alcools’’
On trouve ici :
le texte
puis son analyse
Bonne lecture !
À Jean Sève.
À Bacharach il y avait une sorcière blonde Qui laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde
Devant son tribunal l'évêque la fit citer D'avance il l'absolvit à cause de sa beauté
Ô belle Loreley aux yeux pleins de pierreries De quel magicien tiens-tu ta sorcellerie
Je suis lasse de vivre et mes yeux sont maudits Ceux qui m'ont regardée évêque en ont péri
Mes yeux ce sont des flammes et non des pierreries Jetez jetez aux flammes cette sorcellerie
Je flambe dans ces flammes ô belle Loreley Qu'un autre te condamne tu m'as ensorcelé
Évêque vous riez Priez plutôt pour moi la Vierge Faites-moi donc mourir et que Dieu vous protège
Mon amant est parti pour un pays lointain Faites-moi donc mourir puisque je n’aime rien
Mon cœur me fait si mal il faut bien que je meure Si je me regardais il faudrait que j'en meure
Mon cœur me fait si mal depuis qu'il n'est plus là Mon cœur me fit si mal du jour où il s'en alla
L'évêque fit venir trois chevaliers avec leurs lances Menez jusqu'au couvent cette femme en démence
Va-t'en Lore en folie va Lore aux yeux tremblants Tu seras une nonne vêtue de noir et blanc
Puis ils s'en allèrent sur la route tous les quatre La Loreley les implorait et ses yeux brillaient comme des astres
Chevaliers laissez-moi monter sur ce rocher si haut Pour voir une fois encore mon beau château
Pour me mirer une fois encore dans le fleuve Puis j'irai au couvent des vierges et des veuves
Là-haut le vent tordait ses cheveux déroulés Les chevaliers criaient Loreley Loreley
Tout là-bas sur le Rhin s'en vient une nacelle