Doctor
Pierre est en retard à un rendez-vous. En voiture, il roule trop vite, en réfléchissant à toutes ces petites choses qui traversent l'esprit quand on est sur la route, des choses futiles, d'autres plus graves. Puis, c'est l'accident, et Pierre comprend peu à peu l'importance réelle de ces choses de la vie.
"Je voudrais avoir, comme les animaux, l'instinct de mes besoins, tout deviendrait évident et facile, au lieu de balancer entre l'impatience des désirs superficiels et la recherche confuses des besoins profonds."
La première partie du livre est consacrée à l'accident. Par les pensées de Pierre, Paul Guimard nous montre l'absurdité de ces situations terribles où tout bascule en quelques secondes, par un concours de circonstances, parfaitement logique, mais qui place face à ce grand mystère du hasard.
Pierre voit arriver l'accident, il sait qu'il ne pourra pas l'éviter; il le subit. Puis Paul Guimard laisse la première personne pour présenter les quelques minutes du drame, dans un très bel exercice de narration.
L'auteur nous replonge ensuite dans l'inconscient de Pierre, qui revoit l'accident, le revit, cherche à en analyser tous les détails.
"Je suis absolument dans mon droit mais je suis piégée. Je vais exactement un peu trop vite, la camionnette est exactement un peu trop de travers, le camion est exactement un peu trop prêt, la route est exactement un peu trop étroite. Et merde! Il n'y a pas une probabilité sur un million pour que tout tourne aussi mal, pas sur un milliard, et ça tombe toujours sur un type qui n'a rien à se reprocher, qui roule trop vite, d'accord, mais sans excès".
Et une question le hante, une question troublante car elle l'oblige à cerner sa responsabilité, non seulement dans l'accident, mais dans tous ses faits et gestes de la journée.
"Tout s'est joué en deux secondes, je voudrais savoir lesquelles"
Dans une deuxième partie, Pierre réagit,