Document Dissertation
Mais ce que l’on a redécouvert aussi, c’est combien l’exercice de cette liberté se pratique de façon différente au sein même de nos sociétés libérales et démocratiques. Affaire de culture, mais pas uniquement, car c’est bien la question des limites à poser à cette liberté qui signe les exigences d’une civilisation entre le droit de tout dire et celui de ne pas nuire à autrui. Avec ce paradoxe frappant : c’est aux États-Unis, pays du “free of speech” garanti par le premier amendement de la constitution, où les grands médias ont flouté les caricatures du prophète publiées dans Charlie Hebdo. Et c’est en France, où la liberté d’expression est bien plus encadrée par la loi que ne le croient les Français eux-mêmes, que l’hebdomadaire satirique déploie son style, et trouve au moins momentanément son public.
Trois enjeux
Il convient donc de cadrer cette problématique des limites par la réaffirmation préalable des vertus intrinsèques de la liberté d’expression. Il y a en premier lieu la dimension économique et scientifique, et son corollaire, l’idée même du progrès. Ce dernier est impossible sans remise en cause des connaissances acquises. Or pour bousculer les certitudes les plus établies, il faut laisser s’exprimer les voix qui rompent les consensus. La révolution galiléenne s’est heurtée à la censure vaticane avant de s’imposer. Et la “vérité” de la science prolétarienne – et de l’homme nouveau – a fait