Document sur le rapport du vivant à la machine
La liaison causale, dans la mesure où elle est pensée uniquement par l’entendement, est une connexion qui définit une série [de causes et d’effets] toujours descendante ; et les choses elles-mêmes qui, comme effets, en supposent d’autres comme causes ne peuvent en même temps être, de leur côté, causes de celles-ci. Cette liaison causale, on l’appelle celle des causes efficientes [nexus effectivus]. Mais, en revanche, on peut pourtant penser aussi une liaison causale d’après un concept de la raison [celui de fins] qui, si l’on considérait la connexion comme une série, impliquerait une dépendance aussi bien descendante qu’ascendante, où la chose qui est désignée comme effet mérite pourtant, si on considère la série comme ascen¬dante, le nom de cause de la chose dont elle est l’effet. Dans le registre pratique [à savoir celui de l’art], on trouve aisément de telles connexions, comme par exemple celle ci : la maison est assurément la cause des sommes d’argent perçues pour sa location, mais c’est aussi, inversement, la représentation de ce revenu possible qui fut la cause de l’édification de cette maison. Une telle connexion causale se nomme celle des causes finales [nexus finalis]. On pourrait peut être appeler de manière plus juste la première la connexion des causes réelles, la seconde celle des causes idéales, car par cette dénomination on comprendrait en même temps qu’il ne peut y avoir plus de formes de causalité que ces deux là. […] Dans une montre, une partie est l’instrument du mouvement des autres, mais un rouage n’est pas la cause efficiente de la production de l’autre rouage : une partie existe certes pour l’autre, mais elle n’existe pas par elle. Ce pourquoi la cause qui produit ces parties et leur forme n’est pas non plus contenue dans la nature [de cette matière], mais en dehors d’elle, dans un être qui peut produire d’après des Idées un tout possible