De l'aménagement du territoire au développement territorial : évolution ou révolution ? Le concept de l’aménagement du territoire s’est imposé en langue française dans les années 1960 grâce à des auteurs tels que J. Lajugie (1964), J. Gottmann (1966), J. Labasse (1966) ou M. Rochefort et al. (1970). Il se définit d’abord par sa finalité que l’on peut, comme J.-L. Piveteau (1979 : 991) assimiler à une réponse à des contradictions spatiales, contradictions qui ont cru avec le temps en raison de la multiplication des occasions de dysfonctionnement (liées généralement au développement industriel et urbain), des déséquilibres spatiaux (principalement régionaux) et des destructions (notamment de l’environnement écologique et du patrimoine). Il s’explique aussi par le changement d’attitude des pouvoirs publics et par les nouvelles compétences de ces derniers en matière de gestion de l’espace. Toutefois, l’aménagement du territoire est une réalité multiple ce qui explique l’existence de nombreuses définitions parmi lesquelles nous en avons retenu deux, l’une qui met davantage l’accent sur l’action et les cadres territoriaux et l’autre sur l’art et la technique d’agir. La première issue « Des mots de la géographie » (R. Brunet, R. Ferras et H. Thévy, 1998 : 29-30) assimile en effet l’aménagement à l’action volontaire et réfléchie d’une collectivité sur son territoire, soit au niveau local (aménagement urbain, rural, local), soit au niveau régional (grands aménagements régionaux, irrigations), soit au niveau national (aménagement du territoire), le territoire étant pour les mêmes auteurs une maille de la gestion de l’espace, un espace approprié avec sentiment ou conscience de son appropriation et relevant d’un Etat, une notion à la fois juridique, sociale, culturelle et même affective. La deuxième définition est celle proposée par le Dictionnaire de l’Urbanisme et de l’Aménagement (P. Merlin et F. Choay, 1996 : 35-40) : l’aménagement du territoire est, dans ce cas, l’art ou