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Dans son ouvrage « Les chemins de ma vie », l’ancien Président de la République de la Côte d'Ivoire M. Henri Konan BEDIE raconte que lorsque le Président Léopold Sédar SENGHOR a quitté volontairement le pouvoir, le Président Félix Houphouët BOIGNY lui avait confié : « moi, je n'aime pas ces histoires d'ancien Président » ([1]). Le Président Houphouët BOIGNY n'avait peut-être pas tort dans un environnement politique où « les devenirs post-présidentiels » étaient incertains ([2]). Pour illustrer cette situation, dans son étude consacrée à la question, Sandrine PERROT montre que souvent les anciens Présidents sont « mis hors circuits » par des exécutions, des mises en détention, des exils. Elle explique que ceux qui ont pu éviter ces fins malheureuses ont été contraints ou amenés à se reconvertir dans d'autres domaines pour assurer leur survie. Ainsi, il y a eu des « reconversions économiques », des reconversions dans les activités internationales ou même des « reconversions religieuses ». D'autres ont même préféré mobiliser leurs ressources pour revenir en politique, parfois même à la magistrature suprême pour retrouver la puissance et les honneurs qu'ils avaient perdus ([3]).
Ainsi, l'absence de statut pour les retraités de la fonction présidentielle faisait que les titulaires de cette charge assimilaient leur fin de règne à une perte du statut et des ressources qui les transforme en de simples citoyens oubliés ou humiliés. Dans ce contexte, la situation des anciens Chefs d'Etat a toujours été une préoccupation pour les auteurs africanistes et africains favorables à une reconnaissance d'un statut aux anciens Chefs d'Etat ([4]), ces auteurs ont essayé de mettre en évidence la corrélation positive entre l'existence d'un statut pour les anciens Chefs d'Etat et la conception du pouvoir, le tout allant dans le sens du progrès qualitatif des Etats et le salut de la