Doit on se libérer du désir ou libérer son désir ?
Peut-on alors faire ce choix : se libérer du désir, ou bien, libérer le désir ? C'est-à-dire opter pour la fin de son asservissement par le désir (niant ainsi sa nature propre) ou pour la fin des murailles entravant le plein accomplissement du désir, empêchant celui-ci de s’épanouir pleinement.
Le choix semble difficile, puisque catégorique. L’analyse du sujet débutera donc par le recensement des arguments favorables à l’une ou l’autre alternative, légitimant par là le questionnement. Par la suite, le travail sera de montrer qu’il n’est pas si facile, voir impossible, de faire un choix de vie totalement avec ou dépourvue de désir. Enfin, nous verrons qu’il est plus sage de trouver une alternative entre ces deux extrêmes, la voie de moindre mal.
Pour commencer, il sera question d’expliquer que ce dilemme est tout à fait justifié et de savoir pourquoi devoir – ou pouvoir – légitimement choisir de vivre avec ou sans désir.
Voyons avant tout ce qui motive la libération du désir, pourquoi vouloir s’en débarrasser ? Schopenhauer peut apporter un début de réponse. En effet, selon lui, le désir est une spirale infernale, faisant continuellement souffrir l’Homme : la naissance du désir signifie chez lui un manque, ce qui est en soi une source de souffrance. Puis vient la course effrénée devant aboutir au plaisir… La course, source de fatigue, de tourment, ne parvient finalement qu’à un plaisir fugace, qui marquera la genèse d’un autre désir : souffrance de nouveau. En outre, le désir peut être (a été) source de conflit, de guerre. La convoitise, la jalousie (expression du désir) conduisent toujours à des situations désastreuses ou ridicules. Subséquemment, par exemple, le père Grandet (d’Eugénie Grandet de