Dom juan de moliere
Don Juan a beau être un bon parleur, sa rhétorique n’est pas infaillible. Il a beau user de ses vertus avec une Elvire définitivement acquise à la cause divine, rien n’y fait. Elle devient immunisée contre un discours qui affiche dorénavant toute sa superfluité. Maîtresse de ses sentiments, elle n’aura aucune peine à l’éconduire : « Non, vous dis-je, ne perdons point de temps en discours superflu. Laissez-moi vite aller, ne faites aucune instance pour me retenir, et songez seulement à profiter de mon avis » p101. Don Juan essuiera le même échec dans ses tentatives de fascination devant Don Carlos qui, imbu de sa morale chevaleresque, n’a de cesse que ce séducteur répare l’affront qu’il a causé à sa soeur en l’abandonnant de la sorte. Il n’est point impressionné par la soi-disant conversion de Don Juan qui prétend inutilement que le ciel lui interdit ce genre de relation. Don Carlos n’est pas dupe. Sa réaction devant une rhétorique en déperdition est sans équivoque : « Croyezvous
Don Juan nous éblouir (nous fasciner) par ces belles excuses ? » p114.
L’inanité de la rhétorique donjuanesque est encore plus manifeste devant un pauvre ermite. Il a beau brandir devant ses yeux éblouis un louis d’or aguichant qu’il était prêt à lui concéder s’il acceptait de blasphémer, il ne réussit qu’à renforcer ses convictions dans sa foi, ne montrant aucune prédisposition à la transgression. Son refus est catégorique : « Non Monsieur, dit-il à Don Jan, j’aime mieux mourir de faim » p73
Don Jan, qui dispose d’une multitude d’atouts lui permettant d ‘exercer ses pouvoirs fascinants sur son entourage, n’est en réalité pas si fascinant qu’il le croit, où s’il