Dom juan
OU
LE COCU IMAGINAIRE
COMÉDIE
représentée pour la première fois sur le Théâtre du Petit-Bourbon, le 28e jour de mai 1660, par la Troupe de Monsieur,
Frère Unique du Roi.
NOTICE
Le 28 mai 1660, Molière représente, après le Venceslas de Rotrou, une comédie en un acte et en vers, Sganarelle ou le Cocu imaginaire, qui obtient un grand succès. Cette petite pièce sera donnée trente fois avant la fin de l'année, et sera l'œuvre la plus représentée du vivant de son auteur*.
Une miniature tombée des mains d'une malheureuse éplorée va provoquer une série de quiproquos: Sganarelle pense que sa femme le trompe, et celle-ci le pense infidèle; de surcroît, Lélie est persuadé que sa maîtresse Célie s'est mariée en faisant fi de son penchant pour lui, et Célie que Lélie ne l'aime plus... Au moment où Sganarelle, qui se croit cocufié par Lélie, est partagé entre le désir de provoquer en duel cet «affronteur» — celui qui lui fait porter des cornes! — et la crainte de perdre la vie, la suivante de Célie, sorte de déesse ex machina, éclaircit toute l'affaire et Sganarelle, le «cocu imaginaire», tire la leçon burlesque des événements:
De cet exemple-ci ressouvenez-vous bien,
Et, quand vous verriez tout, ne croyez jamais rien.
À ce moment de sa carrière, Molière n'a pas encore élaboré sa poétique comique; il se cherche et procède à une nouvelle expérience dramaturgique, quoiqu’il ne quitte pas encore le registre de la farce. En témoignent le choix du cocuage comme thème central, les trivialités débitées par Gros-René, qui ne pense qu'à bien boire et à bien manger, ou encore le ton de certains propos de Sganarelle, comme celui-ci:
Quand j'aurai fait le brave, et qu'un fer, pour ma peine,
M'aura d'un vilain coup transpercé la bedaine,
Que par la ville ira le bruit de mon trépas,
Dites-moi, mon honneur, en serez-vous plus gras? (Sc. 17)
À quoi l’on pourrait ajouter certains mots ou plaisanteries «en situation», qui relèvent de cette tradition; ainsi quand