Dom juan
Sur la participation d'Hergé au journal Le Vingtième Siècle, il n'y a pas grand-chose à dire. C'était à coup sûr un journal ultra-catholique, mais pas fasciste et qui pouvait difficilement l'être. Il faut rappeler ici que l'idéologie nazie est très antichrétienne, le christianisme étant considéré comme une invention juive. Il y avait aussi de fortes tendances anticléricales au parti fasciste italien, le christianisme étant alors supposé détourner le peuple italien de sa vocation impérialiste et militariste.
Cela n'exclut pas bien sûr qu'il y ait des passerelles entre l'ultra-catholicisme et le fascisme. Ils se retrouvent en particulier dans l'anticommunisme. Mais il existe aussi des passerelles entre les extrêmes des deux bords. Mussolini venait par exemple directement de l'extrême-gauche. Hitler se considérait aussi comme un révolutionnaire et un socialiste, plus précisément national-socialiste. Beaucoup de mouvements révolutionnaires du 20e siècle étaient simultanément nationalistes et socialistes (Algérie, Vietnam...).
Hergé n'a par ailleurs jamais eu la foi, comme il l'a déclaré plus tard. Il est entré au Vingtième Siècle simplement parce que l'occasion s'est présentée d'avoir un travail.
Les trois premiers Tintins étaient des commandes de la direction du journal : dénoncer la dictature communiste en Russie, glorifier la colonisation belge au Congo, dénoncer encore la civilisation immorale et matérialiste des États-Unis. Les deux premiers sujets n'enthousiasmaient pas beaucoup Hergé, comme il le dira plus tard. Mais Hergé ne pouvait pas non plus trop discuter au début de sa carrière et il a essayé de s'en tirer en y mettant une bonne dose d'humour.
Par ailleurs, il est certain que le régime stalinien en Russie n'était quand même pas une référence pour les droits de l'homme ! L'épisode du Congo