A N A LY S E

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L ’ Œ U V R E

ACTE III SCÈNE 2 brio des propos de Dom Juan et ne cessait de se les approprier, les reprenant sur un mode dégradé qui détermine la double tonalité de la pièce. • L’ambivalence du valet apparaît plus nettement encore lorsqu’il encourage le Pauvre à jurer pour de l’argent. Complice de Dom Juan, non parce qu’il partagerait ses positions, mais par lâcheté, ou en l’occurrence, sentiment aigu de l’intérêt en jeu dans la situation. La superstition religieuse de Sganarelle cède devant le louis d’or, et son « il n’y a pas de mal » a quelque chose de jésuite – comme si les actes sur terre étaient sans lien avec le ciel – qui ne pouvait qu’indigner les adversaires de Molière.

La scène est donc « libertine », bien au-delà du libertinage de Dom Juan, qui n’est sans doute qu’une parodie de discours libertin. Elle l’est parce qu’elle affirme la prééminence du langage du corps sur tout autre langage, substituant en creux un sens « corporel » de l’expérience par-dessus l’expérience réductible aux lieux communs du discours philosophique (celle qui se réserve dans les florilèges). Elle est « libertine » dans la mesure où, à travers une théâtralisation poussée des discours, elle affirme le caractère irréductible de l’existence corporelle des personnages.

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OBSERVATION
La scène du Pauvre est un des « morceaux » d’une pièce qui en comprend beaucoup ; mais elle est très tôt devenue emblématique du caractère sulfureux du texte de Molière, ne serait-ce que parce qu’elle fut coupée dès la seconde représentation et qu’elle ne figure pas dans une des deux éditions de 1682. La scène de tentation • On peut dire que la provocation de Dom Juan commence avec ses remerciements exagérés (« je te rends grâce de tout mon cœur »). Elle continue avec le faux étonnement de la pauvreté du personnage, provoqué par « l’intérêt » de celui-ci (l. 8-31). Elle s’achève sur la tentation proprement dite – qui correspond à la partie censurée –,