Dopage
Dr Michel Lemay, pédopsychiatre, Hôpital Ste-Justine Professeur titulaire, faculté de médecine, Université de Montréal Il y a au moins un point sur lequel bien des adolescents et leurs parents semblent converger: il n'est pas facile pour les uns et pour les autres de se comprendre mutuellement. Dieu sait pourtant si cet âge amène de nombreuses discussions, des palabres qui ne parviennent pas à aboutir, des décisions qui ne conviennent à aucun des protagonistes. Dieu sait aussi si, des deux côtés, on affirme généralement qu'on voudrait se parler afin de se rencontrer sans tension. Pourquoi cette phase de la vie entraîne-t-elle tant d'enthousiasme et de lassitude réciproques, tant d'invitations au dialogue et tant de silences embarrassés. Quelle fonction a cet espace qui se constitue progressivement et qui est générateur de joies et de déceptions ? Certes l'adolescence n'est pas toujours une crise spectaculaire où disputes, claquages de portes, pleurs et réconciliations formeraient la trame de fond. Il y a des adolescences orageuses où les différents membres de la cellule familiale se retrouvent blessés, dévalorisés, humiliés au bout de plusieurs années qui paraissent des siècles. Il y en a d'autres où les malentendus sont presque silencieux au point de se demander si le calme qui se maintient est une illusion ou le signe d'une étape avortée. Pourtant quelle que soit la forme adoptée par la rencontre parents-adolescents entre 13 et 20 ans, une constante subsiste : certains points de références antérieurs se dérobent et suscitent un niveau de malaise dont on peut rarement faire l'économie. Dans bon nombre de cas, tout s'était pourtant déroulé de façon satisfaisante durant la période dite de latence. Il y avait bien eu des éclats passagers autour des notes scolaires, des inquiétudes à démêler par rapport à tel ou tel camarade, des petits chapardages dont il était difficile de savoir la signification, des