Dossier
L’express publié le 24/10/2002
La stratégie du succès (Louis Vuitton)
Management décentralisé, esprit de clan, travail incessant sur l'âme des marques: malgré la crise, le groupe de Bernard Arnault va bien. Sa recette: des sacs et des hommes
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Les robes de «coiffeuse», collection été 2003 de Marc Jacobs pour Vuitton.
Les serres du parc André-Citroën, 7 octobre, 14 heures. Le styliste Marc Jacobs présente sa collection Louis Vuitton été 2003. Dès le premier passage, sacs bien en main, perchées sur de fins escarpins à nœuds en gros grain, 13 poupées à chignon déboulent allègrement, vêtues de robes de «coiffeuses» en satin duchesse couleur sucette. Au jeu des apparences, le ton de la saison est donné. Il sera ludique, très fille et un rien blagueur, du prêt-à-séduire aux mesures de la clientèle japonaise, qui ne cesse de croître (60% des ventes mondiales de la marque). Et de rajeunir (20-34 ans). L'impression juvénile est accentuée par les interventions acidulées sur le monogramme culte signées Takashi Murakami, la star de l'art en série actuellement exposée à la Fondation Cartier. Au rayon icônes, on va s'arracher ces sacs à logos mangas version joyeuse. Comme ceux en vernis fluo édités, eux aussi, en série limitée (de 430 à 950 ¤), à paraître le 12 novembre - une interprétation par Bob Wilson, qui a mis en scène les vitrines de Noël. Un joli coup médiatique où l'art donne matière à mieux provoquer le désir.
Installés sur les bancs du premier rang, les hommes du management du n°1 mondial du luxe sont sur le pont. De Jean-Marc Loubier, PDG de Céline, à Philippe de Beauvoir, le rénovateur du Bon Marché chargé aussi du paquebot Samaritaine, en passant par Sydney Toledano, l'heureux patron de Dior (50% d'augmentation du chiffre d'affaires en 2002). Au centre, accompagné de sa femme, Bernard Arnault, qu'on ne présente plus. Après un détour néfaste par la nouvelle économie, qui l'a, un temps, fasciné, il s'investit à nouveau de très près