Double fonction de la comédie et de la tragédie
La tragédie grecque, dit Aristote dans la Poétique, est “l’imitation d’une action de caractère élevé (…) qui, suscitant pitié et crainte, opère à la purgation (catharsis) propre à de telles émotions”. Dans la tragédie on rend toujours compte d’un conflit: un être, place en situation de victime, est confronté à des forces qui le dépassent, aux drames de la destinée humaine (le mal, les passions dévastatrices, la mort, l’amour impossible). Cet être est le plus souvent un personnage d’exception. Il se comporte avec héroïsme face à une situation sans issue: un destin fatal, cruel, inexorable, qui se met en marche et ne peut être arrêté (Oreste: “Je me livre en aveugle au destin qui m’entraîne” Andromaque). Comme explique Anouilh dans Antigone la tragédie semble une machine qui démarre pour une cause insignifiante (“On donne un petit coup de pouce pour que cela démarre”) et se déroule en privant l’homme de tout espoir ou toute liberté. Le héros tragique marche alors inlassablement vers la mort. La tragédie ne se caractérise donc pas par le