Du contrat social
Dans ce chapitre, Rousseau raisonne en trois temps.
Tout d'abord, il explique l'origine de l'idée du «droit du plus fort», et montre son incohérence; puis, en supposant son existence, il analyse ses conséquences et montre par l'absurde que l'expression est vide de sens; enfin, par deux exemples tirés du sens commun, il critique l'expression familière selon laquelle il faut «obéir aux puissances» et montre qu'en aucun cas le droit ne peut se réduire à la simple force.Dans une première partie (l.1-6), Rousseau veut montrer l'incohérence de la notion même de «droit du plus fort», en insistant sur le fait qu'aucun droit ne peut découler de la force. D'abord il explique l'origine de cette expression. Selon lui, elle est née de la volonté du «plus fort» de pérenniser son pouvoir. La force seule, en effet, n'est pas stable, car quelqu'un peut à tout moment devenir plus fort et prendre à son tour le pouvoir; «le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître» (l.1). Pour transformer le «jamais» en «toujours» et asseoir sa domination, le «plus fort» actuel et provisoire doit trouver un moyen de rendre son pouvoir légitime, en faisant passer sa force pour un droit sur ceux qu'il assujettit, et l'obéissance contrainte de ceux-ci pour un devoir qu'ils auraient envers lui. C'est de cette action de transformation que naît, selon Rousseau, l'expression de «droit du plus fort» («De là» l.2).