Du couturier collectionneur
En 1908, le couturier Paul Poiret demande à l'artiste Paul Iribe d'illustrer un catalogue de ses robes. Elsa Schiaparelli transforme ses bonnes relations avec Dali, Man Ray ou Jean Cocteau en opérations de communication. "Elles contribuent à émanciper des vêtements plus conventionnels qu'il n'y paraît dans leur construction et leur proposition bourgeoise", dixit Florence Müller, historienne de la mode. Avec Elsa Schiaparelli, aristocrate italienne, la distinction entre créateur de mode et artiste devient floue.
Après avoir vu une photo prise par Gala, en 1933, sur laquelle son mari Salvador Dali portait une chaussure de femme sur la tête, l'idée lui vient de demander au peintre de concevoir un chapeau reprenant la forme d'un escarpin à talon. Nous sommes en 1937. Le surréalisme de Schiaparelli convoque déjà un message plus artistique, au-delà des contraintes qu'est la mode définie comme un art appliqué. Rei Kawakubo, de Comme des garçons, s'en souviendra à l'orée des années 1980 en chargeant de forts messages politiques ses créations. Un vêtement telle une oeuvre d'art. Mais les collaborations de Schiaparelli ou de Poiret, par exemple, n'ont qu'un but. Servir un discours qui ne dépasse pas la sphère créative du designer de l'époque. Tout a changé depuis. "L'artiste au service du produit et de ses déclinaisons, analyse Christophe Rioux, a désormais pour fonction de réenchanter la marchandise pour l'ériger en icône." Susciter le désir, donc, d'une clientèle de plus en plus "branchée" art contemporain.
PATOU ; Jean Patou (1887-1936), grand couturier des années 1920-1930, fut l’un des premiers à associer son activité de couture au maquillage et au parfum. Il avait l’amour des jardins, des tableaux de maîtres, des objets d’art et des livres rares. La bibliophilie a été une de ses grandes passions, comme en témoigne la qualité des manuscrits réunis dans sa collection. Cette vente confiée par les héritiers de Jean Patou à la Maison de Ventes