Du héros à l'anti-héros
Depuis le XVIIème siècle le « héros » de roman n’est plus un demi dieu, il se rapproche lentement du lecteur qui n’est plus seulement le spectateur émerveillé des actions héroïques mais une part de ce héros qui le représente ou qui représente un aspect de lui même ou de l’un de ses « possibles ».
Le demi-dieu est le héros de la tragédie, du grand genre ; le roman n’est pas considéré au XVIIème comme un genre majeur. Lire un roman est pour beaucoup, une « faute de goût », un passe temps. On affiche une certaine condescendance envers le roman, on l’accuse à la suite de Du Bellay (Défense et illustration de la langue française 1549) d’être « plus propre à bien entretenir damoizelles qu’à doctement écrire. » Le roman est accusé de gâter le goût des bonnes lettres, de corrompre les mœurs. Il fait l’objet d’attaque véhémentes au nom d’une morale chrétienne sans nuances. Par exemple, Pierre Nicole accuse le faiseur de romans d’être un empoisonneur des âmes coupable « d’une infinité d’homicides spirituels » (Lettre sur l’hérésie imaginaire – 1665)
Cependant, il existe, en dehors de la violence de cette critique, une mode du roman dans les salons. De grandes dames s’entourent d’artistes, d’écrivains, et s’éloignant de cette critique officielle, autorisée et qui s’appuie sur un idéal classique, on est sensible à l’évolution des mœurs, des idées… On apprécie les romans pastoraux (L’Astrée, d’Honoré d’Urfé), les romans héroïques (Artamène ou le Grand Cyrus, de Madeleine de Scudéry) mais aussi Le roman Comique (Scarron). Dans ces milieux raffinés, on cultive le beau langage, la