Du mépris a la violence
Ne confondons pas les termes. La violence à l’encontre des femmes n’est pas la misogynie. Bien entendu, elle a quelque chose à voir avec cette notion. Lorsque l’Alliance des Femmes pour la Démocratie (AFD) fait état de son « Observatoire de la misogynie », elle parle en fait d’un observatoire de la violence faite aux femmes.
La misogynie est parfois un commencement qui n’a pas de fin. Ou qui tantôt commence par être une fin, tragique, dont le commencement se confond avec sa conclusion.
Ainsi des propos, des plaisanteries, des écrits misogynes peuvent, comme l’on dit, rester sans conséquences. Encore faut-il s’entendre sur ce qu’on appelle les conséquences ! Cela veut dire qu’ils ne provoquent pas de catastrophes… du moins dans l’immédiat.
A l’inverse, un crime, un viol, des tortures, peuvent éclater sans que les prémices aient été perçues. C’est l’explosion de la violence, de la haine.
Il y a un continuum à repérer dans la notion de misogynie.
C’est d’abord le mépris de la femme. Mépris, c’est-à-dire dépréciation, déconsidération. Symboliquement, c’est le fait de placer quelqu’un en bas d’une échelle de valeurs, d’une hiérarchie sociale, intellectuelle, morale. C’est ne pas faire cas, tout en faisant le contraire, c’est-à-dire en prenant le soin de dé-valoriser l’objet de son mépris et, ce faisant, de s’instituer en position de supériorité, de domination symbolique : le valeureux.
Le mépris comporte une contradiction : mépriser, c’est ignorer quelqu’un ou quelque chose (un autre que soi, ou un danger, une peur) en le faisant sciemment, volontairement. Ce n’est donc plus une ignorance, c’est une sorte de mise en scène, une affectation : « J’ignore votre existence » signifie « Je ne veux pas reconnaître votre existence, je vous place là, dans la zone de non-existence que je crée