Duras, la mère et la mer
Nous retrouvons, dans la majorité des œuvres de Marguerite Duras, l'omniprésence du personnage de « La mère », qui reste cependant toujours anonyme. L'auteure y attache une certaine importance. Beaucoup d’événements se rapportent à ceux qu'a vécu sa mère, notamment dans son combat contre les agents cadastraux au sujet de sa concession et des enfants de la plaine. Cette dualité d'amour et de haine que la mère établit avec ses enfants pourrait se référer à la relation de Duras avec sa mère.
Contrairement à Un barrage contre le Pacifique où la mère occupait une place centrale,dans l'Eden Cinéma ce sont ses enfants qui deviennent protagonistes et qui nous dépeignent le portrait de La mère, plutôt suggestif et plein de contradictions.
La mère mythique :
La mère relève d'une mission d'institutrice coloniale qui accentue la dimension mythique, elle est considérée comme mère de la colonie. Elle est « Mère de tous, Mère de tout » p.17 de l'Eden Cinéma.
Elle s'occupe du projet des barrages auquel elle voue un espoir inconditionnel et se préoccupe beaucoup des enfants qui meurent chaque jour à la plaine, enterrés ensuite par leur père dans la boue. Par exemple, à la page 17, Joseph, dans une de ses répliques, dit de la mère : « Pleurant sur le monde entier. Sur les enfants morts de la plaine. Sur les bagnards de la piste. Sur le cheval mort, ce soir-là. ».
Sa lettre aux agents cadastraux montre son implication et son dévouement envers les habitants de la plaine ainsi que son combat pour faire vivre son espoir de reconstruire des barrages.
Même sur son lit de mort, Suzanne estime que sa dernière volonté était de s'adresser aux gens de la colonie : « Ça ne devait pas être à nous, à ses enfants que la mère aurait voulu parler encore mais plus avant que nous, aux autres, à d'autres et d'autres encore, qui sait ? à des peuples, au monde. » p.150 de l'Eden Cinéma.
Son combat contre les marées du Pacifique,