Le roman en tant que genre est problématique depuis son apparition en France au XVIIeme siècle. Il doit dès lors faire face aux critiques quant à sa forme et son contenu et éprouve des difficultés à se poser comme un genre littéraire défini. A ce propos Pierre Chartier dans L’introduction aux grandes théories du roman déclare que « le roman est le moins convenu des genres. Il fait plus qu’emprunter , il transforme et déforme pour son propre compte. Il fait plus que transformer ce qu’il trouve, il contient en lui-même le principe de toutes les transformations possibles. Pour reprendre la formule de Valéry, on peut dire qu’il a ceci de commun avec le rêve que tous ses excès lui appartiennent. » Il nous propose ainsi sa définition du roman en tant que genre qu’il pose comme le moins convenu, c’est-à-dire celui obéissant le moins à des conventions. On peut donc ici se demander s’il est possible de donner une définition du genre romanesque. En quoi la création romanesque entraine-t-elle la création générique ? Nous nous intéresserons tout d’abord à la façon dont le roman « emprunte » et « transforme ». Il s’agira ensuite d’analyser les difficultés du roman à se définir. Enfin nous nous interrogerons sur l’utilité pour le roman de se définir comme un genre.
Comme l’explique Pierre Chartier, le roman « emprunte ». Apparu tardivement, le roman est une forme littéraire qui évolue et se transforme en permanence. Pour cela il a pu prendre des éléments caractéristiques des autres genres littéraires comme par exemple l’épopée ou la poésie. Ainsi dans La Princesse de Clèves, Madame de Lafayette réinvestit un contexte historique qui n’est pas sans rappeler les mémoires. On retrouve aussi dans son roman la présence de lettres et de nombreux portraits. Le roman, dans sa propre formation, utilise donc, pour se construire, des caractéristiques des genres qui le précédent. Marthe Robert qualifie ainsi le roman « d’impérialiste » car « rien ne l’empêche d’utiliser à ses