DEMOCRATIE ET CORRUPTION

"Les institutions sont la garantie du gouvernement d'un peuple libre contre la corruption des moeurs, et la garantie du peuple et du citoyen contre la corruption du gouvernement."
Cette citation d’Antoine de Saint-Just (1767-1794), dans son ouvrage Fragments sur les institutions républicaines, est représentative de ce qui devrait, par nature, opposer le principe démocratique au terme et à la pratique de la corruption. Rien n’est moins évident pourtant. Il suffit d’opérer un petit tour du monde des régimes politiques actuels, pour se rendre à l’évidence. La démocratie est une notion vague, dont l’évolution au fil des siècles n’a fait qu’ajouter à sa malléabilité. Il est évident que, même s’il en constitue le socle, puisqu’il en ait à l’origine, nous sommes aujourd’hui bien loin du sens étymologique du terme. Bien qu’en principe, tous les moyens semblent mis en œuvre, en théorie, pour y parvenir. Ainsi, la notion de démocratie a longtemps été considérée comme désignant la démocratie directe des Etats-cités de l’Antiquité. Elle désignait alors le pouvoir du peuple, par le peuple et pour lui-même. Elle offrait à tous la maîtrise directe de leur destin collectif. Plus loin encore, cette démocratie engageait une participation politique considérée comme l’expression même de la vertu. La liberté, principe fondamental d’une démocratie, n’existait que d’un point de vue collectif. On n’était pas libre « chacun chez soi ». Le fossé semble immense dès que l’on considère le principe sous un jour plus contemporain. D’abord, parce que le modèle athénien met en place un système de démocratie directe, absolument inenvisageable dans des conditions matérielles appartenant à un passé révolu (sociétés aux dimensions restreintes, population réduite, existence d’une large population servile). Ensuite, parce que l’évolution de notre pensée en la matière, nous a conduits à considérer d’un tout autre regard ce principe démocratique fondamental qu’est la