1 – L’aède Démodocos peut-il représenter Homère ? Tout d’abord, notons qu’Homère était un aède de la fin du VIIIe siècle avant Jésus-Christ. C’est le premier poète grec dont les œuvres ont été traduites et nous sont parvenues. Il était surnommé simplement « le Poète » (O Ποιητής / ho Poiêtếs) par les Anciens. De plus, dans la tradition, on dépeint Homère comme aveugle. L’aède Démodocos, qui apparaît dans l’Odyssée pour chanter des épisodes de la guerre de Troie, est lui aussi atteint de cécité. Symboliquement, l’aveugle est, dans les civilisations antiques, celui qui voit l’invisible et ne peut voir le visible. On peut alors dire que c’est une incarnation de l’idée d’inspiration divine. Tirésias ou Œdipe en sont représentants : le premier reçoit la cécité en malédiction et le don de la divination en compensation et le second perd la vue quand il se met à voir la vérité.
Démodocos est qualifié dans le chant VIII de « Fidèle aède par le peuple honoré » (vers 471), ce qui montre son importance au sein de la communauté Phéaciène ce qui devait aussi l’être pour Homère chez les Grecs. Ulysse plus tard dans le chant fera une courte phrase d’éloge aux aèdes en proclamant : « les aèdes méritent les honneurs et le respect » (vers 479). On parle aussi du « Grand Démodocos ». Ici, dans cette œuvre, Homère valorise le métier d’aède et leur donne un rôle assez important dans la fonction narrative. Nous pouvons ainsi dire qu’Homère à travers le personnage de Démodocos, se dépeint et en profite pour mettre en valeur les poètes