Dénouement de caligula (camus)
Caligula acte IV scène XIV
Objectif : étudier le dénouement de la pièce
Caligula, c’est nous... Nous tous... idéalistes, fous d’un rêve d’homme frappé d’innocence et lavé d’une pureté d’étoiles. Nous... guerriers d’un désir illusoire d’éternité fragile. Nous... avides d’immortalité, et ne pouvant combler ce mythe sur place, dans les rues glaciales et nauséabondes de la Cité. Nous... masqués d’indifférence pour ne pas dévoiler combien le renard qui hurle en nous, et se plaint, s’est nourri du sang vif et des dattes trop sucrées, d’une terre dont le soleil nous a bourré le ventre de coups de poings. L’Algérie... enfin un territoire à la mesure de notre démesure.
Nous... enfants dépossédés du fruit où planter nos dents de loups — la grenade qu’Issiakhem se fit péter entre les pattes a multiplié les pépins sanglants de notre impuissance, dans le miroir où Caligula projeta son image.
Criblée de petits trous de mémoire, au travers desquels je vois, je reconstitue, la bouille effarée des mômes algériens. Pourquoi?
Je suis encore vivant!... hurlait Caligula après que ses ministres minables et mités l’aient perforé comme un vulgaire ticket de métro, poinçonné et repoinçonné à la station Charonne en l’an 1961. Et comment! Y’a que l’embarras du choix... Nous avons réussi. Nous sommes les maîtres du monde! Nous avons incrusté sous la peau des mômes de nos ex-esclaves, une immense quantité de sel rouge et corrompu, dont les experts en graphologie de l’an 3 000 déchiffreront les signes cabalistiques et toujours bien... vivants parmi les habitants des fourmilières. D.E.S.E.S.P.O.I.R.
Est-ce que Camus savait ce qu’il écrivait là? L’avait-il rencontré, lui, l’Ange du mal, possédé par sa grandeur déchue à la table d’un hôtel européen pourri de Biskra, échangeant quelques douros contre un stock inépuisable de petites filles aux nattes noires et crépues? Caligula. Plus beau que l’ange Heurtebise essayant en vain de cicatriser la peau du miroir