À l'occasion du changement de pouvoir en Tunisie avec la révolution de jasmin, France culture a diffusé le 17 janvier 2011 l'émission « La fabrique de l'histoire » sur le thème de « Déposer le souverain », en invitant trois maîtres de conférences : Vincent Azoulay, Christophe Pébarthe et Marie-Joséphine Werlings. Pour définir la tyrannie, France Culture revisite cette notion en remontant à l'époque de la Grèce antique. L'émission s'ouvre sur un air d'opéra, Le chant du départ, pour ensuite démarrer la discussion avec une définition de Diderot et d'Alembert. En effet, dans L'encyclopédie, la tyrannie vient du grec turannos et correspond à la prise du pouvoir souverain par un citoyen dans un état libre. Aujourd'hui, le terme a évolué, car le tyran est maintenant soit un usurpateur soit un souverain qui abuse de son pouvoir. Le phénomène de la tyrannie en Grèce apparaît au Ve siècle avant J-C, mais le mot serait probablement d'origine étrangère, et s'inspirerait de régimes autocratiques ou monarchiques du VIIe siècle d'Anatolie. Il est associé pour la première fois à un personnage fortuné vivant dans le luxe, se nommant Gygès. Le terme révèle cependant une ambiguïté : il peut avoir une connotation méliorative ou péjorative. On note une éventuelle rupture entre le VIIe siècle, où il n'est pas péjoratif et représente seulement une concentration viable du pouvoir entre les mains d'un seul, et le VIe siècle où la tyrannie est présentée de manière négative par les auteurs. Le terme se dégrade particulièrement à l'époque classique, durant le Ve et le Ive siècle. La nature du tyran reste encore ambigüe : sa montée au pouvoir, l'utilisation qu'il en fait et les autres modalités sont variables. On peut prendre l'exemple de la tragédie de Sophocle Oedipe Roi. En réalité, le titre grec est Οἰδίπoυς τύραννoς, c'est-à-dire Oidípous Týrannos, utilise la notion de tyran, mais pas dans un sens négatif. La montée au pouvoir d'Oedipe est légitime. Le tyran monarchique est