Désir
Une réflexion sur le désir se présente d’emblée comme une réflexion sur sa profonde ambiguïté qui est aussi celle de l’homme en son essence. Le désir est toujours désir de quelque chose. Ce « quelque chose » nous manque, que nous en ayons un besoin vital ou non. Ainsi, le désir pourrait se définir par la tension vers le « désirable », que celui-ci soit un objet, une personne ou encore un état de choses. De là, la possession du désirable conduirait à la satisfaction,Mais nous savons d’expérience qu’il n’en est pas ainsi. D’une part, l’objet désiré une fois qu’il est possédé perd le plus souvent son caractère de désirabilité. D’autre part, une satisfaction complète du désir semble impossible puisque le désir ne cesse de se tourner vers de nouveaux objets dont il est privé. Sans manque, le désir s’éteindrait. On pourrait dire que cette « fuite en avant » du désir résulte de la distance qui sépare l’homme du seul état en lequel il pourrait se repaître, à savoir le bonheur.Le désir se définit ainsi par une démesure à l’égard de ses objets, peut-être aussi l’insatisfaction du désir est-elle le moteur de l’activité de négation et de transformation du monde et de l’homme. Sans désir, aucune création ne serait plus alors possible.
Le désir et le corps : Pour Platon, la seule chose qui doit être désirée est la vérité. Mais ce désir s’oppose aux désirs sensibles, trouvant leur source dans l’union de l’âme et du corps. C’est pourquoi la contemplation des Idées exige de se séparer du corps, des impressions sensibles.
Les morales du désir : Selon Épicure, il est nécessaire de distinguer les désirs naturels des désirs vains. Plus généralement, c’est par la connaissance des différentes catégories du désir que l’homme sera en mesure de maximiser ses plaisirs et minimiser ses souffrances. Pour les stoïciens, il faut distinguer les choses qui dépendent de nous et celles qui ne dépendent pas de nous (comme la santé) et ne désirer que les premières.