L’espace littéraire est-il déterminé également par la description et par le récit ?

Après diverses lectures et d’intenses hésitations, j’ai décidé d’utiliser comme support pour ma réponse à cette question des extraits d’une œuvre de John Dos Passos qui s’intitule USA. John Dos Passos est un écrivain américain né en 1896 à Chicago et mort en 1970 à Baltimore. Il a été ami avec Scott Fitzgerald Kennedy et Ernest Hemingway, pour ne citer qu’eux. C’était aussi un écrivain engagé, qui luttait dans ses écrits pour une certaine égalité sociale aux Etats-Unis. Le roman que nous allons étudier ici est une trilogie comprenant trois tomes parus tout d’abord séparément :
- Le 42e Parallèle /The 42nd Parallel (1930)
- 1919/Nineteen Nineteen (1932)
- La Grosse Galette/The Big Money(1936)
Ces trois romans ont été rassemblés en un seul sous le titre d’USA en 1938 et l’auteur y a rajouté un prologue. USA est une fresque historique des Etats-Unis du début du 20e siècle et une analyse sociologique de ses habitants. Dos Passos y utilise et expérimente des techniques narratives innovantes, qu’on croirait influencées par le courant surréaliste dans la peinture ou par certains cinéastes comme Dziga Vertov. Ces « techniques » consistent à intercaler entre les tranches de vie aléatoires des personnages des passages intitulés « The Camera-Eye » (l’Œil-caméra), qui semblent être des souvenirs de l’auteur, des passages intitulés « Newsreel »(Actualités), qui sont faits d’extraits de chansons populaires et de coupures de journaux. Une autre technique de la narration consiste à insérer de courtes biographies de personnages historiques de l’Amérique dont le parcours sert l’argumentaire implicite de Dos Passos. Cet auteur peut être qualifié de naturaliste comme Zola l’était, lui qui voulait montrer la nature humaine sans déguisement. Dos Passos, lui, a voulu découvrir cette nature en utilisant la voix du peuple (« speech of the people ») pour le décrire. Il