Eaf 2010
Huile sur bois, 206 x 209 cm, 1533. (National Gallery, Londres, Angleterre)
Ce tableau représente le portrait de deux ambassadeurs français, Jean de
Dinteville (en habit de cour, à gauche) et Georges de Selve (en habit ecclésiastique, à droite). Il posent devant les symboles de leur culture et de leur érudition : des livres, un cadran solaire, un globe terrestre, une sphère céleste, des instruments de mesure, un luth et des flûtes.
A leurs pieds, sur un luxueux carrelage, on distingue au premier plan une forme étrange, que les historiens ont longtemps prise pour un os de seiche. En fait, il s’agit de la représentation d’un crâne humain déformé par un effet d’anamorphose, que l’on peut voir en rasant le tableau ou en l’inclinant. Ce crâne est une « Vanité » qui semble dire à ces puissants ambassadeurs « Souviens-toi que tu dois mourir ». Le tableau, peint à la cour d’Henri VIII, roi d’Angleterre, est porteur d’un message politique.
VANITE:
Une vanité est une forme particulière de nature morte. Les vanités sont des tableaux de petit format composés d’objets symbolisant à la fois le temps qui passe, la brièveté de la vie et la variété (vaine) des activités humaines (travail et divertissement). Le crâne est le plus souvent le motif central. Autour de ce crâne s’organisent les symboles du temps qui fuit (sablier, montre, bougie…), de la corruption de la matière (pétales fanés, fruits abîmés, cordes rompues), de la fragilité, de la vie (bougie éteinte, verre brisé, objets renversés) de la vanité des biens de ce monde, à la fois matériels et spirituels (bijoux, pièces de monnaie, couronnes, livres, instruments scientifiques, verres de vin, pipes, cartes à jouer…).
Le crâne structure le tableau et lui donne son sens : tous les objets accumulés autour de cette tête de mort ne sont rien. Ils sont vains au regard du néant qui nous attend ; ils ne renvoient qu’à notre propre finitude. La vanité