eco soc
DES TEMPS MODERNES
(FILO 1470)
Notes de Marc Maesschalck
(2003-2004)
Introduction à la philosophie de Fichte Fichte comme post-kantien
Parmi les grands idéalistes, c'est Fichte qui gardera le plus fidèlement l'idée d'une tension constitutive de l'homme. Le point de vue adopté par sa méthode bouleverse considérablement les cadres de la philosophie critique, mais, à l'intérieur d'une méditation trinitaire (que refusait Kant), il retrouve, avec une nécessité absolue (plus proche, dans ce sens, du monisme spinoziste) cette fois, l'idée d'une eschatologie, tension indéfinie du Moi fini vers le Moi absolu, fin dernière de l'Histoire. En tant que finalité active1, la finalité fichtéenne est nécessairement historique; c'est l'exigence interne de la conscience, le Verbe, le Moi pur, qui est le principe actuel du monde. La réalité n'est pensable que comme actuation de la puissance interne de la conscience, le Verbe, qui préside à sa destinée comme virtualité créatrice et fin ultime. "S'il est vrai que rien n'existe, pour nous, en dehors de la conscience, le système de Fichte nous fournit l'explication totale de la réalité2.
Un tel système n'est possible que par une réflexion de la conscience sur l'acte originaire qui la fonde, sur la puissance créatrice. Qu'une réflexion pareille soit possible, c'est déjà impensable en termes kantiens. Pourtant, il s'agit du point de départ de Fichte. Avant d'esquisser le développement de cette réflexion, il nous faut mettre en lumière l'a priori méthodologique qui permet une réflexion de cet ordre.
1. Esquisse du premier système (1794-1795)
Prendre pour objet de réflexion le Moi pur suppose, en l'homme, une intuition capable de correspondre à un tel objet, qui, comme virtualité ou comme fin transcendante, n'est jamais donné comme tel dans l'existence sensible. Il faut donc reconnaître à l'homme une intuition intellectuelle. Ceci ne signifie pas que Fichte accorde, au sens kantien, sans autre